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Les défis de l’Opéra national de Paris
Audition de M. Alexander Neef, directeur général, et Mme Aude Accary-Bonnery, directrice générale adjointe de l’Opéra national de Paris par la commission culture du Sénat
Vous parliez d’environ 150 millions de recettes propres par rapport aux 100 millions de subventions. Dans ce montant, vous incluez le mécénat, et je souhaitais savoir quelle en est la part et comment vous pensez qu’il peut évoluer ?
La deuxième question concerne la présence de l’opéra au cinéma. Est-ce une part significative ? Quel pourcentage cela représente-t-il ?
Enfin, je me demande combien de spectacles se jouent à guichet fermé du premier jour jusqu’au dernier. Il est souvent très difficile d’obtenir des places, et les séances supplémentaires semblent particulièrement rentables sur l’investissement. Je sais que les programmations se fixent longtemps à l’avance, mais certains spectacles sont prévisibles en termes de succès. Quelle est la difficulté à rentabiliser davantage un spectacle qui fonctionne bien ?
Réponse de Alexander Neef, directeur général :
Concernant le taux de remplissage, nous sommes aujourd’hui à un niveau de 92-93 % par saison, ce qui est satisfaisant, d’autant que notre programmation vise aussi à garantir une diversité. Cela signifie que nous ne sélectionnons pas uniquement des spectacles dont le succès est certain, car nous avons l’obligation de proposer au public un répertoire large et varié. Les programmations sont décidées bien à l’avance : entre 3 et 4 ans pour le lyrique, et un peu moins pour le chorégraphique. En conséquence, l’ajout de spectacles lorsque l’un rencontre un grand succès est compliqué, car les théâtres ne sont pas disponibles.
Actuellement, les théâtres de Bastille et Garnier sont utilisés quasiment tous les jours, soit pour les répétitions, soit pour les spectacles, à l’exception d’une courte période de maintenance entre les saisons.
Ainsi, nous avons maximisé le nombre de spectacles programmables. Ces dernières années, nous avons ajouté une vingtaine de spectacles, notamment des ballets. Nous atteignons aujourd’hui la limite de ce que nous pouvons programmer sans créer une tension insupportable sur l’outil de production.
Concernant la question des 150 millions de recettes propres, le mécénat représente aujourd’hui un peu moins de 30 millions d’euros, ce qui est considérable. Son évolution a été extrêmement rapide : depuis mon arrivée à la direction de l’Opéra, en 2019, le mécénat était inférieur à 20 millions. Il devient indispensable pour notre fonctionnement, d’autant que de nombreuses initiatives, notamment en matière d’éducation artistique et culturelle, sont financées à 100 % par le mécénat. Il nous permet donc d’accomplir plus efficacement notre mission de service public. Par exemple, plusieurs programmes sont entièrement financés par le mécénat, comme l’Orchestre Lyrique des Jeunes ou le Junior Ballet. Cela crée une certaine fragilité quant à la pérennisation de ces activités, mais aussi un lien fort avec la société, en impliquant mécènes et entreprises individuelles dans nos projets.
Cet ancrage est essentiel pour la programmation.
Récemment, nous avons lancé un projet visant à pérenniser ces activités : un fonds de dotation inconsomptible, permettant de constituer un capital dont les revenus serviront à financer certaines activités de façon durable. En parallèle, certains mécènes s’impliquent également dans les nouvelles productions, ce qui est devenu un élément essentiel de notre fonctionnement.
Enfin, un autre volet crucial est celui des recettes issues des visites du Palais Garnier. Avec 1,2 million de visiteurs et des recettes s’élevant à 12-13 millions d’euros, ces chiffres témoignent de notre stratégie de diversification, qui jouera un rôle de plus en plus déterminant pour l’équilibre économique de l’Opéra dans les années à venir.
Un été culturel
Mon dernier film au ciné : « Valse avec Bachir ». Cette animation qui se fond dans la réalité est remarquable. Cette quête d’anciens soldats israéliens qui ont approché le massacre de Chabra et Chatila au Liban est une réflexion sur la guerre, l’engrenage qui amène des gens bien a être utilisés dans un conflit dont ils ne comprennent pas tous les ressorts. C’est profond et très bien réalisé. Vraiment, c’est un film à voir et à recommander.
Mes lectures : « Le Mal Propre » de Michel SERRES. C’est le prolongement de ses réflexions depuis le « contrat naturel » sur les relations et les responsabilités des hommes envers leur environnement et la planète. Pourquoi polluons-nous vraiment ? Souvent pour nous approprier des biens, des territoires nous dit Michel SERRES.
« Et bien dansez maintenant » de Marc LAMBRON. J’adore lire LAMBRON, il a mon âge, il est de LYON et ses références dans ses livres sont les miennes, celles de ma génération et de ceux qui ont vécu leurs années d’étude à LYON. C’est la suite de « Mignonne allons voir » consacré à Ségolène ROYAL, mais cette fois c’est la chronique de la campagne et de la 1ère année de mandat de SARKOZY. Je ne suis pas objectif, tant j’aime l’écriture de LAMBRON, on passe vraiment un bon moment.
J’ai lu aussi Manuel VALLS : « Pour en finir avec le vieux socialisme…et être enfin de gauche », page 69 il nous délivre son panthéon personnel : Gambetta, Clemenceau, Mendès France : 3 Radicaux ! et il termine son livre par ces lignes de Clemenceau qui répondait à Jaurès : « Sans doute, vous me dominez de toute la hauteur de vos conceptions socialistes. Vous avez le pouvoir magique d’évoquer de votre baguette magique des palais de féerie. Moi, je suis le modeste ouvrier des cathédrales, qui apporte obscurément sa pierre à l’édifice auguste qu’il ne verra jamais. Au premier souffle de la réalité, le palais de féerie s’envole, tandis qu’un jour, la cathédrale républicaine lancera sa flèche dans les cieux ». Et Manuel VALLS conclut : « Ca fait longtemps que je connais cet échange. J’ai mis du temps à admettre que j’aurais plus facilement applaudi le Tigre que le fondateur de l’Humanité. Maintenant, j’assume ». Si l’avenir des socialistes devenus raisonnables est le Radicalisme, le Parti radical a vraiment de belles années devant lui !
Dans le même ordre d’idée, le numéro de « Marianne » du 2 au 8 août a proposé un grand article sur « la famille radicale ». L’analyse philosophique n’est pas inintéressante mais savez vous qui est cité dans la famille radicale ?… François BAYROU !! C’est dire à quel point l’aveuglement et la partialité d’un journal peut permettre d’imprimer n’importe quoi : un démocrate chrétien nombriliste radical ! Et pourquoi pas Fidel CASTRO, le Pape ou le Dalaï Lama !
Enfin j’ai lu « un léopard sous le garrot» de Jean Christophe RUFIN, prix Goncourt pour « l’Abyssin » et « Rouge Brésil », Médecin humanitaire désormais à l’Académie Française et Ambassadeur de France au Sénégal. Sa réflexion sur son parcours de médecin et l’effort qu’il faut faire pour s’extirper de cette condition qui peut vous dévorer, tant elle est exaltante mais aussi réductrice, m’a beaucoup touché.
J’ai retrouvé ce déchirement que j’éprouve entre le besoin de me consacrer entièrement à la Médecine, aux gens qui ont besoin de vous et la volonté que j’ai aussi de dépasser la relation particulière pour embrasser l’avenir d’une population, d’un territoire, d’un pays avec son histoire et ses espérances. Cette lecture fut un moment de communion avec un auteur que je n’imaginais pas retrouver à l’Université d’Eté du Parti Radical à Montélimar.


